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Le blog de Milou en Val
13 mars 2011

Que lumineuse reste la Rose blanche...

D u 18 au 22 février, on commémorera l’arrestation et l’exécution des deux jeunes résistants allemands, Sophie et Hans Scholl. Fondateurs de la “Rose blanche”, ils ont sauvé l’honneur et l’avenir allemands. Prenons garde que la poussière du temps ne les fasse oublier…
 
En février, beaucoup auront sans doute une pensée pour un événement pas assez commémoré en Europe: l’arrestation et l’exécution des membres du groupe de jeunes résistants allemands de la Rose Blanche… Le 18 février 1943, en effet, Hans et Sophie Scholl, le frère et la sœur, étaient arrêtés dans leur université de Munich après que le concierge les ait aperçus en train de jeter des liasses de leur dernier tract.

Interrogés par la Gestapo, ils sont ensuite passés en jugement devant le sinistre “tribunal du peuple” de Roland Freisler, le 22 février, avant d’être condamnés à mort et guillotinés en compagnie de leur ami Christoph Probst le même jour. Dans les semaines et mois suivants, ce ne sont pas moins de 16 membres de la Rose Blanche qui paieront de leur vie leur engagement en faveur de l’humanité.
Première dénonciation de la SHOAH
Leurs tracts dénonçaient la barbarie nazie, citaient de grands penseurs comme Schiller, Goethe, Novalis, Lao Tseu ou Aristote et, bien sûr, la Bible pour en appeler à la conscience et à un sursaut du peuple allemand. Ils considéraient que les Allemands eux-mêmes devaient se révolter face à l’ignominie de leurs dirigeants.
Leur second tract faisait même une référence à ce qu’on appellera plus tard la Shoah, dont Hans avait pu être un témoin direct: «Depuis la mainmise sur la Pologne, trois cent mille Juifs de ce pays ont été abattus comme des bêtes. C’est là le crime le plus abominable perpétré contre la dignité humaine, et aucun autre dans l’Histoire ne saurait lui être comparé».
Se souvenir pour vivre libre…
La réponse du “tribunal du peuple” fut donc de les condamner pour « haute trahison, propagande subversive, complicité avec l’ennemi et démoralisation des forces militaires».
«Héros? Peut-on leur donner ce nom? Ils n’ont rien entrepris de sublime, n’exigeant qu’un droit élémentaire, celui de vivre, librement, dans un monde qui soit humain. La vraie grandeur est sans doute dans cet obscur combat où, privés de l’enthousiasme des foules, quelques individus, mettant leur vie en jeu,défendent, absolument seuls, une cause autour d’eux méprisée. Ils luttent, avec un humble héroïsme, pour ce qui est modeste, très quotidien, mais non point sans valeur; et dans le même moment, des despotes habiles sont acclamés sur l’estrade publique, qui ne promettent, sous prétexte de puissance, qu’une gloire honteuse et la misère», a écrit Inge Scholl, la sœur de Hans et Sophie, dans son livre de souvenirs, “La Rose blanche, six Allemands contre le nazisme”, paru aux Éditions de Minuit en 1955. Comment mieux définir la Résistance, si souvent galvaudée depuis…
Le moindre des devoirs des peuples libres d’aujourd’hui ne serait-il pas de faire en sorte que les mots du poète grec Nicéphore Vrettakos soient démentis, « Il n’est pas de rose si blanche que n’effleure à son heure un rien de poussière », et que toujours l’éclat de la Rose blanche nous guide vers la liberté? L’Europe, pour peu qu’elle tienne à exister, ne devrait-elle pas s’emparer de cette mémoire?.
Jean-Michel Rochet

 

Paru dans l'Extension de Genève, février 2011.

http://www.lextension.com/index.php?page=actu&actionActu=det&id_actu=16719

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