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Le blog de Milou en Val
1 mai 2009

Quand l’OTAN a besoin de la Russie…

Amusant… L’OTAN, créée pour faire face à l’URSS, n’a plus aucune des raisons d’être de sa naissance. Sa survie passera forcément, plutôt vite que tard, par une alliance avec la Russie, voire par l’adhésion de l’ancien ennemi…

Ministre des Affaires étrangères polonais, M. Sikorski ne parlait sûrement pas à la légère, peu avant l’ouverture du sommet de l’OTAN, quand il confiait que la Russie, « dont nous avons besoin pour résoudre les problèmes globaux », pourrait bien adhérer à l’organisation atlantique… « Nous ne construirons pas la paix mondiale sans confiance mutuelle », ajoutait-il.
On pourra toujours objecter qu’il s’agissait pour lui de se mettre en avant, comme éventuel futur secrétaire général de l’OTAN, à un moment où le Danois Rasmussen paraissait en difficulté face aux velléités turques de veto, n’empêche la démarche intellectuelle est loin d’être absurde.
UNE NOUVELLE RAISON D’ÊTRE
À quoi sert l’OTAN ? À sa fondation, Harry Truman, président des Etats-Unis, y voyait incontestablement un moyen d’action des alliés occidentaux pour faire face à l’URSS et à son glacis est européen. Aujourd’hui, l’URSS n’existe plus et son empire a carrément changé de camp. Pourquoi l’OTAN survit-elle donc ? On peut en discuter longuement, mais la vérité est simple et logique : l’OTAN est toujours là parce qu’elle a désormais une autre raison d’être, à la fois bien différente et tout aussi essentielle : lutter contre le terrorisme islamiste dans le monde.
Le président américain Barack Obama l’a sans doute bien compris lui qui a pratiquement renoncé à toute adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine pour renforcer par contre le partenariat avec la Russie…
DES SORTS LIÉS
« Ce dont nous nous glorifions devient infâme quand c’est l’ennemi qui le fait », disait Anatole France (in “Dernières pages inédites”). Alors, en réfléchissant bien, que pourrait donc reprocher à la Russie un Occident qui doit combattre avec de multiples difficultés l’islamisme radical en Afghanistan et ailleurs.
Et dans l’immédiat, chacun a bien saisi qu’on s’achemine, à défaut de pouvoir faire adhérer Moscou immédiatement à l’OTAN - des efforts de démocratisation, de contrôle civil sur l’armée et la fin des conflits frontaliers sont nécessaires, avait dit Sikorski-, vers une “relation spéciale” entre la Russie et l’organisation du traité de l’Atlantique. « Si vous voulez vous faire des ennemis, surpassez vos amis ; mais si vous voulez vous faire des alliés, laissez vos amis vous surpasser », écrivait La Rochefoucauld. Le Polonais n’était donc peut-être pas si seul ni spontané… On comprend aussi que dans le monde moderne, il faut désormais savoir reconnaître ses amis ou, au moins, envisager l’hypothèse que des ennemis communs peuvent susciter des intérêts réciproques. Face au danger du terrorisme mondial, il est évident que le sort de l’Occident et celui de la Russie sont liés et pour longtemps…
Et à ceux qui trouveraient la Russie trop peu vertueuse pour qu’elle rejoigne ce combat, on pourrait rappeler les mots d’Ivan Tourgueniev (“Terres vierges”) : « Une chose que j’ai remarquée : les maisons où l’on parle trop de vertu sont comme les chambres de malades où on a brûlé des parfums, on peut être sûr qu’il vient de s’y passer quelque chose de pas propre ! Un si fort parfum de vertu, c’est suspect ».
Bref, il faut sans doute s’y habituer : la Russie n’a guère de leçons à recevoir et tant d’énergie à offrir !
Jean-Michel ROCHET

Paru dans L'Extension de Genève : http://www.lextension.com/

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