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Le blog de Milou en Val
1 juin 2009

Révolution ? Il manque un livre…

La crise frappe. Durement parfois. En Europe, dans quelques pays, on en vient à se demander si les peuples ne risquent pas, écoeurés, de penser à se rebeller, de penser à une possible révolution. En est-on vraiment là ? Rien n’est moins sûr. Quoique…

Le chômage qui ne cesse d’augmenter, qui frappe tous les secteurs économiques… Les difficultés de fin de mois qui concernent de plus en plus largement les “classes moyennes”. Les jeunes générations réduites à l’inactivité et à l’absence de perspectives. Les mobilisations sociales qui attirent toujours plus de travailleurs, de précaires, de chômeurs, de retraités… Tous les ingrédients nécessaires à une explosion sociale sont réunis. Et le climat social sera, sans conteste possible, chaud et même très chaud en Europe dans les mois, et peut-être, les années à venir.
Tensions sociales, oui, mais révolution ? Sûrement non. Pourquoi non ? Parce qu’il manque aux populations, écrasées par la récession, la conscience d’un “autre” possible. Pour faire court, il manque un… livre. Mais oui, un livre… « Depuis l’Evangile jusqu’au Contrat social, ce sont les livres qui ont fait les révolutions », écrivait Louis de Bonald (in “Mélanges littéraires, politiques et philosophiques”) au XIXe siècle avant d’être suivi par Jean Jaurès qui affirmait, lui : « Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience ».
LES PEUPLES SANS VOIX
Alors, bien sûr, des livres, vous allez dire « il y en a des quantités »… Et tous plus savants les uns que les autres… Oui, mais nous ne parlons sûrement pas de la même chose. Ce qu’il manque pour alimenter un espoir révolutionnaire, un esprit révolutionnaire, c’est le livre d’une conscience, le livre d’un héros… Ah ! C’est plus rare, n’est-ce pas ? Rien à voir avec les habituels universitaires ou politiciens trop connus, trop bien rodés aux apparitions savantes, feutrées ou polémiques selon les besoins sur les plateaux de télévision… Ceux-là, on les fabrique à la chaîne, ou presque, mais à quoi servent-ils ? Ce ne sont pas eux qui mèneront un peuple à renverser quoi ou qui que ce soit…
Bref, même si les peuples avaient toutes les bonnes raisons de faire la révolution, il leur manquerait l’essentiel, un vrai moteur, un guide “nec mortale sonans” comme disait Virgile dans l’Enéide…
Pas de souci donc, aucune révolution n’est possible ? Attention quand même, l’historien Edgar Quinet a bien prévenu dès le XIXe siècle aussi (in “La Révolution”) : « Les politiques qui ont trouvé tant de moyens d’étouffer la liberté où elle est née, n’en ont encore trouvé aucun pour l’empêcher de naître et de faire explosion là où elle ne s’est montrée jamais ». La révolution, si elle survient quelque part en Europe, surprendra donc là où personne ne l’attend. Inutile de tenter de savoir à l’avance ; une révolution, c’est comme ça, ça surprend. Emile de Girardin l’a d’ailleurs bien dit : « La routine, cette préface des révolutions ! »
DE LA RÉFORME À LA RÉVOLUTION…
Bon, on l’a compris, une révolution, c’est toujours possible, mais c’est à peu près impossible à prévoir et encore moins à annoncer…  Sauf, peut-être, en écoutant, une fois encore, le grand Tocqueville : « Le moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement est d’ordinaire celui où il commence à se réformer ».
Guettons donc le mauvais gouvernement qui chercherait à s’améliorer… En osant à peine évoquer le verset 10 du second psaume : « Et maintenant, rois, conduisez-vous avec sagesse ! »
Jean-Michel ROCHET

Paru dans L'Extension de Genève : http://www.lextension.com/

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