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Le blog de Milou en Val
1 avril 2010

Petits domaines, grands profits…

Accusée de tous les maux, ou presque, l’agriculture n’est-elle pas la victime des choix des autres ? Élevage intensif et destruction des petites exploitations étaient la ligne imposée, mais la roue a tourné…

L’agriculture est une trop grande pollueuse ! Dans les pays développés, elle consommerait, à elle seule, quelque chose comme 10 % de l’énergie et elle serait responsable d’un quart des gaz à effet de serre. Un bilan catastrophique qu’il faut améliorer vite, très vite… Et, bonne nouvelle, c’est assez facile.
D’abord et avant tout, il convient de revenir sur nos nouvelles habitudes alimentaires, trop centrées sur la viande de bœuf. L’élevage des ruminants gaspille, en effet, beaucoup trop d’eau et de céréales. À elle seule, cette pratique cause, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 18 % des gaz à effet de serre. C’est-à-dire plus encore que les transports !
Toujours selon la FAO, la consommation mondiale de viande a été multipliée par 3,5 entre 1960 et 2005. Et cela sans bénéfice aucun pour la santé humaine puisqu’on constate, au contraire, une augmentation très nette de l’obésité dans les pays émergents qui, comme la Chine, consomment de plus en plus de bœuf.
Heureusement, à l’inverse, dans les pays européens développés, cette consommation aurait commencé à diminuer. Il était temps puisque la transformation des céréales en protéines animales, par les éleveurs, a un rendement plus que médiocre : pour produire un seul kilogramme de protéines animales, il en faut 15 de protéines végétales ! La réhabilitation des lentilles et haricots, par ailleurs beaucoup moins gourmands en surfaces agricoles, est urgente !
LA VIANDE TOMBE DE SON PIÉDESTAL
Oublions donc le steak bleu, saignant ou à point pour revenir à nos fondamentaux, les végétaux, en nous souvenant peut-être de Jean-Jacques Rousseau qui écrivait dans l’Emile : « Une des preuves que le goût de la viande n’est pas naturel à l’homme est l’indifférence que les enfants ont pour ce met-là et la préférence qu’ils donnent tous à des nourritures végétales, telle que le laitage, la pâtisserie, les fruits, etc. » Ou de Montaigne qui disait, lui, que « la cherté donne goût à la viande », puisqu’il est bien vrai que, longtemps plat de riche, la viande a donc été convoitée comme richesse et l’est encore dans certaines régions du monde…
Cependant, même en revenant à la raison pour nos choix alimentaires, l’agriculture aura encore un bilan carbone désastreux. Pourquoi ? Mais tout simplement à cause de nos anciens dirigeants des décennies d’après-guerre qui poussaient ceux qu’on appelait encore les cultivateurs à l’agrandissement des exploitations, à la mécanisation à outrance… Résultat : on a « trouvé le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les autres », comme le disait déjà, dans son Sottisier, Voltaire, et l’on a allongé, parfois jusqu’aux limites du grotesque, les distances entre le producteur et le consommateur.
PLUS NOMBREUX, PLUS HEUREUX
Il faudra donc aussi remettre à l’honneur les petites fermes, les exploitations familiales qui faisaient la base de nos campagnes autrefois, avant de céder la place à des “rurbains” épuisés par les trajets et à de véritables complexes agricoles désertifiants… « Agrandissez-vous ! », ânonnaient nos politiques des “sixties” et “seventies” en direction des paysans… Qui osera leur dire, aujourd’hui : « Multipliez-vous ! », peut-être en rappelant les mots de Goethe : « Combien fécond le plus petit domaine, quand on sait bien le cultiver » ?
Ce serait, en tout cas, des paroles de prophète…
Jean-Michel ROCHET

Paru dans l'Extension de Genève : http://www.lextension.com/

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